[ TOGUNA FORUM ] - LES ARTS TRIBAUX DU MONDE ENTIER

Bonjour
En faisant des recherches sur les Berbères, je suis tombé sur une pratique traditionnelle des Touaregs que certains connaissent peut-être déjà : le gavage des fillettes et des jeunes filles dans les familles riches et chez l’élite. Une jeune fille grosse serait gage de fertilité, de richesse et plus facile à marier.
Cette pratique semble encore en usage dans divers pays avec un mode opératoire moins brutal mais tout aussi calamiteux. Elle est remise en question aujourd’hui mais comme toujours les mentalités changent lentement. (source : Encyclopédie berbère. Vol.20)

Bonsoir François e tutti,
Cela existe aussi dans tout le sud-est du Nigeria (Igbo, Ibibio, Efik, Kalabari,..) mais on ne procède pas exactement comme la photo et le texte que tu nous communiques sur cette pratique mauritanienne qui est du gavage à proprement parler. Les villages ont une ''pièce d'engraissement'' (''fattening-room'') où la/les promises sont enfermées pendant environ 3 mois, après avoir été excisées, et n'ont qu'une chose à faire : manger. Durant cette période, elles reçoivent des leçons de dames (-cuisinières) âgées qui leur expliquent ce que signifie être une bonne épouse et une bonne ménagère. Je ne sais pas si les Yoruba ont une telle tradition...
... mais, mazette, quel programme de cauchemar.
Ces jeunes filles engraissées sont représentées en bois sous forme de ''poupées'' (je vais tâcher d'en trouver une illustration). Ca doit se faire aussi plus au nord-est, dans l'Adamawa si j'en juge d'une figure en terre cuite que j'héberge.

une poupée Ibibio comme vous en avez certainement déjà vu :
www.proantic.com/display.php?id=550625

(la seconde figure, masculine, est inhabituelle... et peut-être 'opportuniste')

Fali de Garoua (Adamawa) :

Merci Véronique. Infos très intéressantes qui montrent que la statuaire dans certains cas n’est pas que l’expression d’une vision, d'une spiritualité ou d’une idée mais la traduction de pratiques bien réelles.
Et oui, un cauchemar pour ces femmes comme le dit une femme du Mali. Témoignages ici :
https://afrikinfos-mali.com/2021/10/13/ ... re-epoque/

Merci pour ce texte, François.
Quel effroyable destin pour une femme que d'être enfermée dans un rôle de reine des abeilles ou reine des fourmis. Les Venus préhistoriques nous indiquent que cela semblait nécessaire pour s'assurer de la pérennité d'un clan... mais, depuis, la race humaine a su très bien proliférer sans ces artifices, révoltants de nos jours. Groumpf.

J'avais fait comme toi le lien avec les Vénus préhistoriques qui sont légion, la plupart obèses, alors que les figures masculines sont inexistantes. Ceci dit, rien ne permet de croire que les femmes préhistoriques subissaient les sévices d'aujourd'hui.
Il est triste de voir qu'au XXIe siècle ces pratiques de domination perdurent mais l'article montre que la prise de conscience et les législations nationales progressent (trop) lentement.

C'est vrai, j'ai extrapolé : rien ne prouve que le 'gavage' humain existait au temps de ces 'Venus' mais on peut être tenté de le croire, les conditions de vie et les ressources alimentaires du quotidien n'ayant pas été super-abondantes au point de donner cet état corporel et ces formes aux (ou à une) femme/s et cette représentation de l''idéal féminin'.
En la matière, les législations peuvent en effet faire évoluer les choses... surtout quand on est dans le visible' - ce qui n'est pas le cas en ce qui concerne l'excision. J'ai connu un couple en Egypte qui avait une petite fille. La mère voulait la faire exciser - le père était indifférent. Il s'en fichait totalement. J'ai essayé de dissuader la mère. ''Pourquoi veux-tu faire cela à ta petite fille ? A quoi ça sert ?''. - ''Ma mère le veut. On me l'a fait, je lui ferai. Comme cela, elle ne courra pas les rues comme une chatte''.** Drôle d'amour maternel, drôle d'argument, mais cela m'a amenée à l'idée que ce sont parfois les femmes qui participent au maintien de croyances & pratiques... comme, dans certains cas, le port du voile par exemple. C'est troublant.
** Elle était convaincue que cela faisait partie des injonctions coraniques - ce qui n'est pas le cas, autant que je sache. On passe donc outre les législations d'Etat.

Dur :-( Ton expérience illustre bien le cœur du problème. Les femmes subissent un discours unique et contraint sur leur rôle, leur statut, leurs obligations, et l’idéal de beauté qui leur sont imposés. Outre ce conditionnement mental forgé dès l’enfance, s’opposer à ces traditions c’est risquer d’être rejetée par sa famille, montrée du doigt par la communauté et au final exclue socialement avec en plus la culpabilisation d’avoir trahi les liens considérés comme sacrés avec les parents, notamment le lien fort mère-fille.
On peut remarquer qu’à l’inverse, dans nos sociétés d’abondance et bien nourries, l’obésité est rejetée, c’est le culte (à l'excès !) du corps svelte qui prévaut. Du coup, l'amélioration de la condition des femmes passe aussi par la lutte contre la pauvreté et par l'accès à l'éducation pour les filles.

Voici le point de vue du défunt Nasser et de son auditoire qui semblait bien d'accord, à l'époque :
www.youtube.com/watch?v=D-DZUnh8-Ro

Ah oui, bien vu. Édifiant. On voit depuis l’étendue de la régression. Y a du boulot ! :-(