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Re : Trois anciennes massues kanak

Posté : 25 avr. 2008, 02:50
par tapa pacifique
Bonjour,
auriez-vous une idée du nom du gouverneur en question, ou pouvez-vous le demander à celui qui vous les a cédées?

Re : Trois anciennes massues kanak

Posté : 25 avr. 2008, 07:54
par Adminator
Paul,

En effet, vos massues on l'air très belles. Merci de nous faire partager ces photos...

OF --> Océanie Française ?

Re : Trois anciennes massues kanak

Posté : 25 avr. 2008, 23:00
par tapa pacifique
Je veux bien voir quelques gros plans, si possible!, et en particulier des têtes et du dessous des points de prise en main (à l'endroit de la coupure). + une montrant de près la cassure franche qui semble apparaître sur une des massue "bec d'oiseau".
Pourriez-vous aussi préciser la densité du bois et le poids de chaque arme.
Merci d'avance.

Re : Trois anciennes massues kanak

Posté : 26 avr. 2008, 23:51
par tapa pacifique
J’ai visionné attentivement vos clichés. Juste une question relative à la photo comportant les 3 extrémités basses des hampes. Pourriez-vous me signifier à laquelle des massues chacune correspond  (en se basant sur Gauche, Droite, Bas) ?
Pour les essences, en toute théorie les 2 « bec d’oiseau » doivent être en Gaïac (couleur tendant sur le jaune), alors que la massue doit être en « bois de fer » (couleur tendant sur le rouge…intérieurement s’entend). Je dois avouer que cette dernière me pose problème car elle est atypique, et pourtant bien néo-calédonienne, je peux vous l’assurer. Enfin, tout peut se rencontrer !
Il restera à définir s’il s’agit d’un travail ferrique ou lithique (pour ma part mon opinion est faite sur deux objets, mais j’attends vos commentaires pour vous en dire plus  sur le troisième).
Bonne journée.

Re : Trois anciennes massues kanak

Posté : 28 avr. 2008, 07:45
par tapa pacifique
Tous trois furent taillés à l’aide d’un objet en fer, le plus poli (celui avec un manque important à la casquette) ayant eu la plus grande attention de la part de son sculpteur. Je pense que les deux massues « bec d’oiseau », sont en gaïac, leur couleur interne restant dans les jaunes/orangés. Par contre, la massue triangulaire me semble être taillée dans le même bois, chose fort surprenante et tout à fait originale. Il se peut que ce soit (je ne peux être affirmatif à ce sujet), une sorte d’instrument de danse féminin dont on ait coupé les racines. Je m’explique !
Fritz Sarazin, en 1911, décrit ce genre d’instrument, qu’il a vu utilisé par les femmes exécutant une danse, lors de son passage à Koindé. Il l’a photographié et nous pouvons le voir comme une massue dont la tête comporte toujours ses racines principales. Il faut savoir que toute massue néo-calédonienne était toujours taillée à partir du bloc des racines, le manche étant le tronc de l’arbre, et ceci afin de garder la continuité ligneuse des fibres du bois, chose impossible entre le tronc et une branche. Par contre, il souligne une longueur de 67 cm, ce qui paraît bien inférieur au vôtre (74cm).
La taille est importante car elle détermine la personne qui possédait l’outil et souvent même, qui l’avait fabriqué à ses proportions. Je m’explique à nouveau ! Une massue doit être adaptée à son utilisateur et ne pas dépasser la longueur comprise entre sa main baissée et le sol, ce qui pour une personne d’environ 1,70, fait 72 à 75 cm. maximum (le pommeau étant dans la main est inclus dans cette mesure). Une arme plus petite est donc forcément mieux adaptée pour une femme, dont les proportions sont généralement moindres. Le fait s’explique très simplement. Lorsque vous voulez donner de la vitesse et de la force, vous balancez l’objet en lui faisant faire un tour, sinon complet, tout du moins le plus grand possible. Une arme trop longue touchera le sol, et ce temps d’arrêt servira à votre adversaire pour vous expédier ad patres. Logique ! Une arme trop lourde aura le même inconvénient et sera difficilement maniable.
Ce qui nous amène à votre massue tête d’oiseau, la plus longue (80cm). Personnellement, je la trouve trop longue, trop grossièrement finie, surtout avec son reste d’aubier (chose impossible pour une massue d’usage). Pour moi, c’est une copie touristique, ancienne certes, mais touristique quand même. Fritz Sarazin, ce bon naturaliste de langue allemande, expliquait, tout en faisant l’ascension du mont Panié (le + haut sommet de N.C.), en juin 1911, que ses porteurs fabriquaient des massues pour les administrateurs  (fonctionnaires métropolitain détachés en N.C. par la Métropole) pendant leurs poses. Peu soucieux des détails, ils utilisaient même des tessons de verre pour finir le raclage, alors que pour eux-mêmes le poli parfait se faisait en utilisant de la fougère à aigle (variété contenant un peu de silice et remplaçant l’émeri), ainsi que le faisaient leurs « vieux » (dans le langage Kanak, le mot vieux est respectueux et non péjoratif). Ces objets étaient donc déjà très demandés.
Le nom de ces objets est (bec d’oiseau), en langue Paicï : Gö-popopwä-râ-märu (longueur normale) – Gö-poropwä-wërëwa (plus court). Pour le dernier, je ne connais pas de nom en langue vernaculaire.
Si je récapitule/
Le long (80 cm.) est trop mal fini, trop long à mon avis, et conserva de l’aubier….pour touristes de passage. Le mot primitif n'a jamais été en corrélation avec grossièrement fait, vous pouvez me croire, l'expérience me l'a suffisamrent prouvé.
Le Kagou (74cm.) est le plus beau. Le poli est bien fini, les éclisses potentielles sont toutes poncées pour permettre un usage….dommage qu’il lui manque tant de matière, ce qui lui enlève énormément de charme et de valeur. C’est néanmoins celui à conserver.
La massue triangle, puisqu’il faut bien l’appeler d’une certaine manière, est soit authentique et retaillée anciennement pour un autre usage que celui initial, soit un objet pour fonctionnaires nommés autrefois. Très grand dommage qu’elle soit si abîmée.
L’ensemble des 3 armes à certainement subi l’action du soleil, d’où ces craquements qui ont éclaté les manches, et qui nuisent beaucoup à leur qualité esthétique.
J’ai peur, en conclusion, que vous ne puissiez en tirer la somme que vous en voulez,  à moins de trouver quelqu’un de peu regardant sur la qualité globale. J’en suis désolé pour vous, mais je préfère être franc, chose que j’applique communément dans ma profession et sur ce forum.
Les collectionneurs avertis recherchent des objets en bon état et seront, à ce moment là, prêts à y mettre le prix, ce qui n’est pas malheureusement le cas présent. Sauf si vous pouvez avancer un pédigrée, ce que je vous engage à chercher. Si vous connaissez le commissaire priseur qui s’est chargé de la vente, et que la mention « gouverneur de N.C. » y fut précisée, je serais bien surpris qu’il ne puisse vous communiquer son nom. Si vous arrivez à avoir cette information, je me fais fort de vous communiquer les dates auxquelles il fut en poste sur le Caillou.

Pour le lien, je vous en remercie, je ne les connaissais pas et ces photos vont agrandir mon album de clichés. Celui qui vous paraît atypique (grand bec d’oiseau lisse), je crois, ressemble beaucoup à celui que l’on voit sur la planche LIV – 1778 - du 2ème voyage de Cook. Le Kagou classique est un court, et le troisième, non pas un Kagou, mais un bec de tortue  (cet exemplaire est d’ailleurs particulièrement beau). On peut aussi en voir un superbe exemplaire à l’Australian Museum de Sydney- ref. H-148. Le nom vernaculaire, toujours en langue Paicï est Gö-pûrû-pwä.
Je reste à votre disposition sur ce forum, le cas échéant.
Bonne journée.

Re : Trois anciennes massues kanak

Posté : 29 avr. 2008, 01:30
par tapa pacifique
Il est une chose que je voulais préciser, mais que j’ai omise dans mon intervention précédente.
La taille lithique n’est pas forcément très très ancienne, les tribus aborigènes reculées d’Australie la pratiquent encore, au même titre que certaines tribus de Papouasie. Au niveau de la N.C., on considère que le dernier atelier de taille s’est arrêté dans les années 1870, le fer n’ayant pas atteint les diverses parties de la Grande terre plus tôt.
Un deuxième point que je désire aborder : la datation.
Méfiez-vous des objets d’Océanie affichés du 18ème. Sauf exception miraculeuse et datée scientifiquement, il s’agit de pure utopie. Si je m’en réfère toujours à la Calédonie, Cook  la découvrit en 1774, quelques santaliers et baleiniers y vinrent d’environ 1800 à 1840, et son annexion par la France se fît en  1853. Cook récolta bien un certain nombre de pièces, dument répertoriées et recensées, tout comme d’autres capitaines mandatés par la France ou autres pays, mais croyez-vous que les aventuriers qui suivirent en firent autant ? N’avaient-ils pas autre chose à penser ?
Des objets du 19ème, je dis oui, c’est possible… antérieurs, du charlatanisme dans la plus grande majorité des cas.

Re : Trois anciennes massues kanak

Posté : 05 juin 2008, 20:23
par tapa pacifique
Healtboss bonjour,
je suis tout à fait prêt à répondre, mais je ne saisis pas entièrement le sens de votre intervention. Pouvez-vous m'en dire plus ou tout du moins préciser le votre pensée!!!
Bonne journée à tous.

Re : Trois anciennes massues kanak

Posté : 05 juin 2008, 21:24
par Adminator
fausse alerte, c'était un spammeur, j'ai supprimé son compte...

:P