[ TOGUNA FORUM ] - LES ARTS TRIBAUX DU MONDE ENTIER

Bonjour,
Cette terre cuite mesure 13 cm de haut.
Je n'ai pas réussi à identifier la divinité qui était représentée
Bouche ouverte dentée
Ecriture au dos
Tenant des maïs
Accouchant
Couronne de maïs et collier
Merci pour votre aide

Salut CICONIANIGRA!

Oui ! le panthéon aztèque est infini et comporte de multiples facettes.
Je pense cependant que la solution est au sein de la famille du dieu/déesse du maïs.

Selon Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Centeotl:

"Centeotl (parfois appelé Centeotl-tecutli, Centeotl-cihuatl, Cinteotl, Centeal, Cexochitl, Chiutcoatl, Tonacajoha, Tzinteotl) est, dans la mythologie aztèque, la divinité du maïs.

Son nom signifie littéralement « dieu du maïs » : en nahuatl, « centli-cintli » signifie maïs et « teotl » dieu. D'après la cosmogonie nahua, il naquit de l'union de Piltzintecuhtli et de Tlazolteotl. Après sa naissance, Centeotl se réfugia sous la terre."

Elle est la mère de:

Iztacuhca-Cinteotl, dieu du maïs blanc.
Cozauhca-Cinteotl, dieu du maïs jaune.
Tlatlauhca-Cinteotl, dieu du maïs rouge.
Yayauhca-Cinteotl, dieu du maïs noir.

Voilà! J'espère que ça t'es utile.

Sino

Extrait d'un article de vulgarisation intéressant dont l'auteur communique sa bibliographie https://fr.lifehackk.com/35-centeotl-th ... 70309-8286 :

"Origine du dieu du maïs
Centeotl était le fils de Tlazolteotl ou Toci, la déesse de la fertilité et de l'accouchement, et en tant que Xochipilli, il était le mari de Xochiquetzal, la première femme à avoir accouché. Comme beaucoup de divinités aztèques, le dieu du maïs avait un double aspect, masculin et féminin. De nombreuses sources en nahua (langue aztèque) rapportent que le dieu du maïs est né comme déesse et que, par la suite, il est devenu un dieu masculin nommé Centeotl, avec un pendant féminin, la déesse Chicomecoátl. Centeotl et Chicomecoátl ont supervisé les différentes étapes de la croissance et de la maturation du maïs."

Ta statuette se situe vraisemblablement dans cette constellation familiale.
Elle pourrait éventuellement en être un condensé ou une variante.
Par ailleurs se pose la question de savoir si elle est de style Aztèque.
En tous les cas elle est d'un style s'en approchant.

Sino

Bonjour
Oui, panthéon complexe où plusieurs dieux-déesses peuvent fusionner en un. Plusieurs attributs font pencher pour Chicomecoatl, divinité féminine de la fertilité et du maïs mûr. Mais normalement, la tête est encadrée par une coiffe rectangulaire qui figure un ornement de temple/grenier à maïs. Ici, une simple coiffe en papier (amacalli) en forme d’éventail et les coquilles sur le front peuvent faire penser (?) à la déesse de l’eau Chalciuhtlicue qui nourrit le maïs et protège les naissances.

Selon de nombreuses sources, pour favoriser les récoltes et célébrer le nouveau cycle agricole, une jeune fille et de très jeunes enfants étaient sacrifiés à Chicomecoatl chaque année dans un rituel assez horrible, avec des actes d’automutilation en marge des cérémonies. Le sacrifice humain était un rite religieux habituel pratiqué dans de nombreuses circonstances.

Un très grand merci pour ces partages passionnants qui me permettent de continuer à creuser?
L'art de la figuration des dieux en terre cuite n'a pas été interrompue par l'arrivée de Christophe Colomb et des premiers européens.
De sorte qu'il doit bien exister un art post colombien......
Pour tout dire je n'ai pas le sentiment que cette terre soit si récente que ça....pas facile à dire.

La "terre" est extrêmement dure (ne se raye pas), c'est un peu comme du grès et cela sonne comme du métal

Pour ses 13 cm de haut, ta statuette est un joli artefact!
Tiens nous au courant stp de la progression de ton enquête :-)
Oui l'art "postcolombien" vit pleinement. Il est très à mon goût.

Sino

Merci Sino, je vais tenter de découvrir les techniques de cuisson des terres et de façonnage. Ici seule l'ouverture de la bouche permet l'évacuation de l'eau à la cuisson. Pas trouvé de traces de moule patentes.
J'adore chercher

D’accord avec toi. Gros doute sur l’ancienneté…
Les divinités aztèques ne sont par représentées dans une telle nudité réaliste. Les attributs connus de tous suffisent pour les Aztèques pour identifier le dieu représenté, comme c’est le cas aussi par exemple dans les cultures polythéistes antiques ou dans l’iconographie chrétienne. De plus, Chicomecoatl tient normalement 2 épis de maïs dans chaque main et non 1 seul. Ces 2 seuls points parmi d’autres montrent à mon avis qu’il s’agit d’une production contemporaine.
En même temps, je trouve très bien que des artisans entretiennent la mémoire de leur culture avec ce type d’objet intéressant et hors-norme, pas du tout consensuel et ancré dans leur histoire.

À propos des techniques aztèques de céramique et de poterie toujours en usage dans le Mexique moderne, tu devrais avoir quelques réponses ici :
https://www.persee.fr/docAsPDF/jsa_0037 ... 1_2273.pdf
Bonne soirée !

Tout laisse à penser en effet que cette figuration plastique des seins est de facture récente

"Un culte tout particulier était voué semble-t-il à la poitrine féminine dans les cultures précolombiennes d'Amérique du Sud (avant que nous arrivions pour tout péter, comme d'hab).

Cette magnifique sculpture aztèque datant d'environ -1000 avant J.C a été retrouvée dans le sud du Mexique par des archéologues maintenant habitués à extraire un nombre infini de mamelons de la terre rouge du Yucatán."

La poitrine féminine est ici représentée dans toute sa rondeur, les cultures aztèques et Incas (le long de la cordillère des Andes pour ces dernières) associaient la poitrine féminine à la fertilité. Ces sculptures avaient donc pour fonction d'encenser le bon fonctionnement de l'ensemble des systèmes reproductifs de la tribu (afin de renouveler des générations qui elles mêmes pourront s'entretuer, tuer d'autres êtres vivants et détruire leur environnement).

Dans la plupart des cultures précolombiennes, les seins étaient aussi symbole d'abondance et étaient supposés assurer de bonnes récoltes de maís, principale source d'alimentation de ces deux empires à l'époque. En effet, selon certains, le pop corn aurait été inventé dans la région de Cuzco (Pérou) qui en Quechua se prononce “Pâpká”. Cette dernière phrase n'est qu'une simple divagation de l'auteur et ne peut s'appuyer sur aucune source crédible.
Enfin, plusieurs grandes statues aztèques de basalte, frontales et symétriques, viennent clore ce voyage dans le temps. Elles témoignent du redoutable panthéon des sujets de Montezuma – de ces divinités assoiffées de sang qui contemplèrent, imperturbables, l'arrivée des conquistadores. Dieux et déesses de la mort, de la terre à la jupe de serpents ou de la fécondité (bouche largement ouverte, seins nus et mains posées sur le ventre), de la lune et des ténèbres, du maïs (reconnaissable à sa haute coiffe) ou encore de l'eau (agenouillée, visage levé et épaules couvertes du traditionnel châle triangulaire).

Bien entendu on trouve de tout et n'importe quoi sur internet don restons prudents et poursuivons l'enquête

Des infos intéressantes. Il semble que tu cites un texte. Peux-tu donner la référence ?
y a-t-il aussi une illustration ? ( "Cette magnifique sculpture aztèque datant(...") ) Peux-tu la publier ?

Bonjour,
Les premières notes sont tirées d'un blog (photo en lien)
https://merciboobs.tumblr.com/post/1000 ... eins-petit

Les secondes notes sont empruntées au journal Le Temps

https://www.letemps.ch/culture/precolom ... se-devoile

Matériellement parlant sur le procédé de fabrication.
Il s'agit d'une terre cuite rouge dure et creuse.
Probablement moulée. Puis toujours à cru les divers ornements, maïs et nouveau né ont été ajoutés. Enfin les incisions ont été apportées (doigts, base des cheveux, nouveau né etc).
Toujours avant cuisson la pièce a été brossée.
Ensuite la cuisson a eu lieu.
Le tesson a été enduit d'un pigment brun.
Par dessus cette patine des traces blanches résiduelles.

Bonjour
Merci pour les liens. En effet, il faut rester prudent avec ce genre d’articles... ;-)
La photo du blog que tu publies ci-dessus représente une figurine jalisco, Mexique occidental.
Les Jalisco, Nayarit et Colima sont connus pour leurs tombes à puits (outrageusement pillées mais c’est une autre histoire).
Ces cultures se sont épanouies grosso modo vers -300 à +300, soit plus de 1000 ans avant les Aztèques. La statue n'est donc ni aztèque, ni du sud du Mexique comme l'affirme l'auteur du blog qui dit un peu n'importe quoi.
Leur style caractéristique est naturaliste, réaliste, ancré dans la vie quotidienne dans une gestuelle expressive. Pleines de vie, ces figurines accompagnaient les défunts. Style à l’opposé des fréquentes représentations des arts aztèque, inca ou maya : institutionnels, hiérarchisés, codifiés, rituels, bref plus à l’image d’empires religieux centralisés et puissants. (ce qui n'exclut pas l'existence d'objets du quotidien dans ces cultures)

Autre exemple. Couple sympa. Style Ameca-Etzatlán protoclassique. (Sotheby's)

Bonjour,
Je fais à nouveau surface. Comment lire les glyphes qui sont visibles sur le dos de la statue?
Ils nous renseigneraient sur le sujet et sur la période probablement.
Ces précisions en valent la peine peut être car plus je regarde et plus je pense que le niveau de technicité pour ce moulage est élevé. A priori je pense que c'est un grès rouge.

J'ai glissé une photo avec une représentation iconographique (impression en relief sur similicuir)
On y voit aussi quelques glyphes qui ont pu être interprétés.

Tu as vu celle -la ? assez similaire , mais surement d'époque
https://www.sothebys.com/en/buy/auction ... -pacifique

Bonjour
Bravo pour les photos. On voit bien mieux le dos. Cela dit, j’ai un gros doute pour ces glyphes. Je ne connais pas le nahuatl (écriture aztèque) mais les glyphes en haut à droite et en bas à gauche me paraissent bizarres et plutôt contemporains. Et puis je ne connais pas de statues avec inscriptions sur le dos. Mais je peux me tromper et ça reste une pièce intéressante.


@YvesRoy. C’est vrai, des similitudes pour la tête mais beaucoup de différences par ailleurs avec la statue de Ciconigra. La statue de Sothebys est un shamane Jama Coaque (Équateur). Il ne porte pas de maïs mais probablement un pilon à chaux dans une main et une préparation médicinale ou hallucinogène dans l'autre. Quelquefois c’est plus net : pilon et mortier. (photo)
Sur la coiffe, ce ne sont pas des épis de maïs non plus mais 2 conques ou des grands coquillages marins qui symbolisent l’eau nourricière.

edit : sur le vêtement, des coquillages attachés qui simulaient le bruit de la pluie en s’entrechoquant.

Le nahuatl est toujours largement employé. On compte environ 2 millions de locuteurs. Belle musicalité :-)
https://www.youtube.com/watch?v=ZL790d3MECI

Ou là : "Quand une langue meurt", poème en nahuatl.
https://www.youtube.com/watch?v=w3BpWxjLr2w&t=109s