[ TOGUNA FORUM ] - LES ARTS TRIBAUX DU MONDE ENTIER

Bonjour, j'ai une petite statuette, je pense que c'est Ibeji Yoruba de Nigeria. J'ai trouvé sur le Net pas mal semblables, sauf la scarification sur le ventre. Est-ce que c'est vraiment Yoruba et représente-elle quelque valeur? Merci de vos précieux conseils.

Bonjour, est-ce qu'il y quelqu'un pour donner un conseil à propos de cette statuette, 0 réponse, ce n'est pas drôle. Est-ce que ces statuettes représentent en générale toujours les jumeaux? Merci de vos conseils.

Salut IRMA!

WIKIPEDIA
Un ibedji désigne, chez les Yorubas, la représentation d’un jumeau décédé.
Le terme yoruba ibedji, qui désigne les jumeaux, vient des mots yorubas ibi, qui signifie « né », et edji, qui signifie « deux », donc littéralement, « né deux fois ».
Voir aussi la bibliographie proposée par WIKIPEDIA.

Je connais peu de choses en matière d'IBEJIS.
Mais je peux te dire comment je me ferais une première opinion sur un tel objet:
j'irais visiter une base de données en ligne comme celle du MUSEE DU QUAI BRANLY.
Voici un lien qui pointe sur ses IBEJIS:
http://collections.quaibranly.fr/#a794b ... de7b312495
Ceux que j'y vois ont des finitions nettement plus délicates que les tiens:
je pense en particulier à la symétrie, au ponçage des surfaces et à leur patine.
Cette première approche m'amène à l'hypothèse que tes pièces sont de basse qualité.
De là à penser qu'elles étaient destinées à un certain marché touristique,
il n'y a qu'un pas.
La qualité de ce que l'on voit dans les musées peut parfois ne refléter que les goûts des collectionneurs,
mais l'échantillon de BRANLY me semble suffisamment représentatif.
Voilà c'est juste une première hypothèse.

Sino

Bonjour Irma,
Vous savez des fois ça me gène d’intervenir ici , donnant l’impression d’être toujours négatif…

Alors ne m’en veuillez pas…suis d’accord avec Sino , cette statuette ne vaut pas tripette
ce n’est que vaguement Yoruba ,la forme générale et les détails de sculpture étant grossiers
Les scarifications sur le ventre ,me paraissent inventées ,ensuite je n’en ai jamais vu
D’assis sur un siège comme ici … l’espèce de patine rougeâtre ( cam Wood ?)
Semble rajoutée pour faire vrai. Les Yorubas sont connus pour donner naissance à un nombre incroyable
De jumeaux , parfois des triplés , ils ne survivent pas tous … il reste alors ces petites effigies(25/28cm)
Dont on va prendre soin , les nourrir ,les laver , elles vont finir par avoir un aspect usé qu’affectionnent les collectionneurs.

Bonjour à vous deux,
Merci beaucoup pour ces précisions qui me semblent très justes. Je ne trouve pas du tout vos commentaires négatifs mais plutôt éducatifs.
Merci aussi pour le lien utile vers le musée BRANLY.
Mes questions sont celles d'une amatrice qui s’intéresse à l'art africain et qui reviendra, sûrement, avec beaucoup d'autres questions.
Au plaisir de partager vos commentaires.
Irma

Une digression:
Montréal est ma ville préférée sur ton continent :-)
C'est chouette que tu participes à ce forum.
Je suis certain que ça sera enrichissant.

Bonjour Irma

En arts premiers comme ailleurs, un peu de méthode aide beaucoup et augmente le plaisir.
1. Consulter les livres et les sites fiables en commençant par les connaissances de bases plus faciles, plus accessibles. Quand on débute, éviter les références pointues qui peuvent décourager car on n’ a pas encore toutes les clés. Wikipedia, cité par Sino, les musées connus, et même des livres de découverte sont par exemple de bonnes clés d’entrées.
2. Aiguiser le regard. Vous pouvez vous amuser à comparer une pièce, comme la vôtre par exemple, avec d’autres specimens-types et reconnus comme ceux d’Astonkongo. Jouer au jeu des différences. Quels sont les points communs ? Qu’est-ce qui les différencie ? Taille, forme de l'ensemble, parties et détails, aspects de surface, finition, habileté du travail, patine, matériaux, couleurs, usures, décoration, signes, manques, ajouts etc. Sans oublier qu'un objet, notamment une sculpture, s'observe de tous côtés, dessus, dessous, dedans...

Un peu à la fois, vous affinez vos connaissances et vos observations et vous pourrez vous-même avoir une idée de sa qualité et de sa valeur. Ce qui n’empêche pas naturellement d’échanger, bien au contraire.

Extrait de CHEFS-D'OEUVRE DANS LES COLLECTIONS DU MUSEE DU QUAI BRANLY (2006)

Cette paire de figurines à la coiffure élaborée a été réalisée au Nigeria, au nord-ouest du pays yoruba. Or, elle a appartenu, par un curieux détour, au trésor personnel du roi fon* d’Abomey (dans l’actuel Bénin), Béhanzin*, destitué en 1894, avant d’entrer dans d’importantes collections françaises.

Le culte des jumeaux, divinités en puissance, s’est étendu sur l’ensemble de la côte occidentale, depuis le Togo jusqu’au sud-ouest du Nigeria, à partir de la première moitié du XIXe siècle. Ils étaient jusqu’alors craints et mis à mort. En 1820, un décret royal promulgué par le roi d’Oyo interdit de les tuer. Ils sont honorés au sein de leur famille qui, avec leur arrivée, a la possibilité de s’enrichir et d’accéder à un statut supérieur. La mort d’un jumeau est donc toujours redoutée comme pouvant compromettre l’harmonie du clan. Les statuettes ibeji (dans la langue yoruba, bi signifie «né» et meji «deux») sont le support matériel de ce culte et l'objet de soins particuliers. Elles sont parées, lavées, nourries, enduites d’huile de palme et, en cas de décès, doivent continuer à protéger les familles. MD

Salut IRMA,

Je viens de lire un article de Emilien BRUNEAU (qui cite d'autres auteurs)
qui m'a fait penser au style relativement grossier de ta statuette ibeji:

"A la mort du jumeau, la famille doit consulter le Babalawo, prêtre d ’Ifau, qui leur indiquera le
bon déroulement des rites, ainsi que le lieu du sanctuaire où sera déposée la statuette. Après avoir
questionné Ifa, il oriente la famille vers un sculpteur qui confectionnera Yere ibeji. Il arrive qu’il
demande au père de sculpter lui-même la représentation de son enfant, ce qui justifie les écarts de
qualité apparents entre ces objets de culte.[...]
La confection de ces réceptacles destinés à apaiser l’esprit du défunt et à rétablir l’ordre spirituel
coûte extrêmement cher à la famille. C’est pourquoi il arrive que le père s’occupe de sculpter
lui-même Yere ibeji de son enfant."

https://www.persee.fr/doc/hista_0992-20 ... _73_1_3477
(Bruneau Émilien, 2013, « L’ere ibeji et le culte des jumeaux chez les Yoruba », Histoire de l’art, vol. 73, n° 1 : 149‑158.)

Sino