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Chevillière sénoufo ?

Posté : 01 sept. 2021, 12:15
par Ingesandre
Bonjour,

Je viens d’acheter l’objet suivant, vendu comme « chevillière/boat currency sénoufo, 19e siècle ».

J’ai toujours eu du mal à croire que ces objets pouvaient à la fois servir de monnaie et de parure, mais je suis convaincu que tel était bien le cas après avoir lu le récit du Suédois Peter Möller, paru en 1887, où il s’étonne que les femmes congolaises portent aux jambes de nombreux anneaux de métal qui pèsent des kilos et des kilos et qui leur égratignent et même entaillent la peau.

Par contre, après avoir lu des rapports parlant de centaines de milliers de manilles et de chevillières fabriquées en Europe et utilisées comme monnaie d’échange en Afrique, je me demande si les chevillières telles que la mienne ci-dessous étaient de fabrication européenne ou indigène.

Qu’en pensez-vous ?

Cordialement,

André

PS: Poids de cette chevillière 730 g, env. 19 x 10 cm.

Re: Chevillière sénoufo ?

Posté : 03 sept. 2021, 10:39
par astonKongo
Salut André,
Mes connaissance sur le sujet sont limitées , je ne savais pas que des chevillières en bronze Senufo
Avaient été faites en Europe …J’imaginais un marché pourri avec un paiement en objets de pacotille ,et
Il me semble avoir déjà vu des chevillières très sommaires en aluminium.
On en trouve relativement facilement , il a du y en avoir beaucoup.
En photo un objet similaire de forme et de patine en vente actuellement sur un site Allemand ,
Précisé Senufo anklet fin 19°/début 20° , 20,05cm , cela semble donc être la norme. :gangs

Re: Chevillière sénoufo ?

Posté : 03 sept. 2021, 15:18
par Ingesandre
Bonjour AstonKongo,

Et merci de ta réaction. Tu écris que tu t'imaginais « un marché pourri avec un paiement en objets de pacotille ». Exactement comme moi, mais depuis que j'ai lu le livre de Möller dont je parle ci-dessus, je me demande si c'est bien vrai.

Les premiers Européens à l'intérieur du Congo (vers 1880) me semblent avoir en grande partie été des enthousiastes et même parfois des idéalistes. Möller avait par exemple une attitude très « positive » envers les noirs (« positive » = anglicisme que j'emploie pour ne pas avoir à préciser en employant un terme francais), son collègue Pagels avait plus de préjugés, mais souvent compréhensibles, le troisième auteur je ne sais pas encore.

Ce qu'écrit Möller m'inspire confiance et est corroboré par ce qu'écrit Pagels. Le marchandage et le paiement se faisaient avec les congolais pour le droit de passage, les porteurs et SURTOUT la nourriture. Dans le cas de Möller, la « monnaie » principale étaient les tissus, les perles (monnaie traditionnelle déjà avant l'arrivée des Européens), la poudre, du gin (les noirs picolaient déjà avant l'arrivée des Européens)... J'oublie qqch d'important - je l'ajouterai quand ça me reviendra en mémoire. Mais lors des trocs contre de la nourriture, Möller note que les tissus donnés en paiement avaient coûté plus cher en Europe que la nourriture obtenue n'aurait coûté en Europe. Pour des cacahuètes, Pagels a par exemple dû payer leur poids en sel, ce qui semble quand même cher. Pour les cadeaux spéciaux aux chefs, c'était différent, mais c'était dû aux goûts de ces chefs, et on leur refilait par exemple de vieux uniformes, entiers ou seulement les boutons, des baïonnettes allemandes fraîchement aiguisées, des boîtes à musiques, etc.

Un peu plus tard, au Congo, viennent les années d'exploitation, avec le caoutchouc, l'ivoire, l'huile de palme en quantités industrielles... mais c'est une autre histoire. Dans les endroits où arrivaient Möller et Pagels, les indigènes n'avaient souvent encore jamais vu de blancs.

À suivre ?

Cordialement,

André