par Fabien » 06 janv. 2022, 07:19
Bonjour Beziat,
En ce qui concerne votre demande de précisions au sujet de la statue Tshokwe, c'est
une représentation d'un Mwanangana (seigneur du pays) et non de Chibinda Ilunga.
Le Mwanangana est un chef de tribu de droit divin. Ces statues ne dépassaient
généralement pas les 40 cm et proviennent de ce que l'on appelle le "pays d'origine".
De l'école de Moxico, de style nuancé tendant au réalisme ou de l'école de Muzamba,
de style plutôt schématique et rigide . Elles étaient pourvues de grandes mains et de
grands pieds, notamment en référence aux longues marches que pouvaient parcourir
les bons chasseurs, mais n'avaient pas, gravée sur le front, la scarification typiquement
féminine en croix nommée «chingelyengelye". Et plutôt de cette forme de croix ( + ), bien
que la croix de l'ordre du christ du Portugal soit devenue l'un des symbole préféré des Tshokwe.
Ces scarifications viennent des dessins "Yitoma" que les Tshokwe dessinent souvent
sur le sable et pourraient comporter une signification cosmologique.
À la différence des statues "mahamba", les statues commémoratives d’ancêtres Mwanangana
ou du héros Chibinda, étaient exécutées par des sculpteurs professionnels habiles qui recherchaient
la représentation animée d'êtres humains. Elles étaient reproduites avec leurs marques ethniques,
leurs coiffures et leurs signes distinctifs. Par ex., la vôtre n'est pas pourvue de la coiffe "Mutwe
Wa Kayanda" des chefs, comme vous l'avez vous-même remarqué. On dit alors que ces statues
sont "Utotombo". C'est-à-dire bien sculptées, réalisées avec soin et amour, pour plaire à l’œil et
être suggestives. Pour la barbe ou les cheveux pour les statues féminines, on utilisait de vrais
cheveux humains et les yeux étaient recouverts de matières précieuses comme le laiton.
Il est malheureusement certain que suite à la maladie et à la famine, les Utshokwe, qui doivent
leur nom à l’affluent du Lungwe-Bungo qui se jette dans le Zambèze, ont dut entreprendre, vers 1860,
une grande migration vers le nord et le sud en descendant le long des rivières qui prennent leurs sources
sur le plateau du pays. (Angola). Cette migration se fait surtout vers le nord et le nord-est, atteignant
les régions de l'actuel République Démocratique du Congo. Certains chefs accompagnent leurs sujets.
Mais, dés le premier quart du XXe siècle, l'appauvrissement de l'institution cheffale allait engendrer
la raréfaction des arts de cour et de la statuaire commémorative. Les sculpteur professionnels ont
bien suivis la migration, mais le mode de vie semi-nomade fut peu favorable à l'éclosion de grandes
créations dont les anciens souverains étaient les promoteurs.
Cordialement,
Fabien
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- statue-de-chef-(mwanangana)-h-38cm-style-du-pays-d'origine-(école-de-Moxico)-museum-of-fine-arts-Boston.JPG (38.77 Kio) Vu 5337 fois
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- statue-de-chef-(mwanangana)-h-29cm-école-de-muzamba-(christie's).JPG (29.22 Kio) Vu 5337 fois
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- statue-féminine-chokwe-(sotheby's).JPG (36.19 Kio) Vu 5337 fois
Bonjour Beziat,
En ce qui concerne votre demande de précisions au sujet de la statue Tshokwe, c'est
une représentation d'un Mwanangana (seigneur du pays) et non de Chibinda Ilunga.
Le Mwanangana est un chef de tribu de droit divin. Ces statues ne dépassaient
généralement pas les 40 cm et proviennent de ce que l'on appelle le "pays d'origine".
De l'école de Moxico, de style nuancé tendant au réalisme ou de l'école de Muzamba,
de style plutôt schématique et rigide . Elles étaient pourvues de grandes mains et de
grands pieds, notamment en référence aux longues marches que pouvaient parcourir
les bons chasseurs, mais n'avaient pas, gravée sur le front, la scarification typiquement
féminine en croix nommée «chingelyengelye". Et plutôt de cette forme de croix ( + ), bien
que la croix de l'ordre du christ du Portugal soit devenue l'un des symbole préféré des Tshokwe.
Ces scarifications viennent des dessins "Yitoma" que les Tshokwe dessinent souvent
sur le sable et pourraient comporter une signification cosmologique.
À la différence des statues "mahamba", les statues commémoratives d’ancêtres Mwanangana
ou du héros Chibinda, étaient exécutées par des sculpteurs professionnels habiles qui recherchaient
la représentation animée d'êtres humains. Elles étaient reproduites avec leurs marques ethniques,
leurs coiffures et leurs signes distinctifs. Par ex., la vôtre n'est pas pourvue de la coiffe "Mutwe
Wa Kayanda" des chefs, comme vous l'avez vous-même remarqué. On dit alors que ces statues
sont "Utotombo". C'est-à-dire bien sculptées, réalisées avec soin et amour, pour plaire à l’œil et
être suggestives. Pour la barbe ou les cheveux pour les statues féminines, on utilisait de vrais
cheveux humains et les yeux étaient recouverts de matières précieuses comme le laiton.
Il est malheureusement certain que suite à la maladie et à la famine, les Utshokwe, qui doivent
leur nom à l’affluent du Lungwe-Bungo qui se jette dans le Zambèze, ont dut entreprendre, vers 1860,
une grande migration vers le nord et le sud en descendant le long des rivières qui prennent leurs sources
sur le plateau du pays. (Angola). Cette migration se fait surtout vers le nord et le nord-est, atteignant
les régions de l'actuel République Démocratique du Congo. Certains chefs accompagnent leurs sujets.
Mais, dés le premier quart du XXe siècle, l'appauvrissement de l'institution cheffale allait engendrer
la raréfaction des arts de cour et de la statuaire commémorative. Les sculpteur professionnels ont
bien suivis la migration, mais le mode de vie semi-nomade fut peu favorable à l'éclosion de grandes
créations dont les anciens souverains étaient les promoteurs.
Cordialement,
Fabien