par Sino C FAL » 27 oct. 2022, 12:25
veronique a écrit:
> Dis-moi, Claudius, as-tu lu quelque part des infos sérieuses sur l'âge
> approximatif des Akwanshi/Atal (région Cross River/Nigeria) dont tu nous as
> communiqué une photo ?
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Salut Véronique,
Pour ce qui est de la datation des pierres Akwanshi/Atal,
je te signale cet article: Tchandeu, N. S., & Sambo, H. (2021). Monolithes sculptés akwanshi/atal de la Cross River (Nigéria-Cameroun). Afrique : Archéologie & Arts, 17, Art. 17.
Il est disponible à cette adresse
https://journals.openedition.org/aaa/3273
Je t'en colle, ci-dessous, les premiers paragraphes.
Bonne lecture!
Sino
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« Produits d’une civilisation mégalithique remarquable en Afrique par son ancienneté et sa longévité, les monolithes akwanshi se révèlent être à l’origine de nombreuses hypothèses, notamment celles d’être les signes d’un culte phallique, d’être des stèles funéraires, des effigies commémoratives de chefs, de héros, voire des monuments emblématiques de sociétés secrètes. Dans cette perspective, certaines tentatives de datations de spécimens situent leur essor au moins au XVIe siècle sur la base relative d’effigies dites « généalogiques » en pays Nta (ouest de la moyenne Cross River) selon P. Allison (1968 : 32-34), date repoussée au IIe siècle av. J.-C. (cf. infra) suite aux fouilles effectuées en pays Nnam (nord) par Ekpo Eyo (1986 : 101-104). Le recours à la généalogie met cependant en évidence l’importance des traditions orales lorsque les premiers chercheurs découvrent les monolithes akwanshi, l’une des dernières érections de pierres commémorant un chef Nta remontant au début du XXe siècle (Allison 1968). Cette période qui correspond donc à un abandon des traditions d’érection, suite aux contacts avec les puissances occidentales, n’a cependant pas totalement altéré la portée symbolique des représentations dans les mémoires collectives actuelles. A.B. Carlson (2019 : 50) évoque même un renouvellement d’intérêt des communautés locales et fédérales pour les cultures traditionnelles autour des années soixante-dix : « After the Biafran War (1967-1970) had turned peoples’lives upside down, masquerades, which had been destroyed or forgotten during the war, need to be rebuilt or reinvented »1. C’est dans cette dynamique que certains festivals annuels, se réappropriant des pratiques rituelles à travers des célébrations populaires, donnent lieu au rafraîchissement des décors des akwanshi mais avec des couleurs de plus en plus manufacturées. Si ce phénomène de patrimonialisation ou d’appropriation identitaire des représentations est surtout entretenu par la survivance de certains monuments, plus ou moins bien conservés dans leur contexte, il reste que d’autres ont été déplacés ou en partie mutilés dans des conditions parfois si illégales que ce collectionnisme a détruit toute la documentation les concernant. L’inscription des akwanshi sur la liste indicative du patrimoine mondial de l’UNESCO en 2008 a sans doute galvanisé le marché de l’art, favorisant de fait un commerce illicite déjà galvanisé par les crises sécuritaires répétitives de cette partie du golfe de Guinée, ainsi qu’une systématisation des « copies » ; ces dernières trouvent un foyer fécond chez les artisans de Foumban de l’ouest Cameroun. Le recoupement des collections muséographiques et des corpus ethnographiques in situ, l’exploitation transversale des données disponibles en archéologie, ethnologie et histoire de l’art, ont permis de proposer une classification diachronique des styles, rompant avec l’approche synchronique longtemps privilégiée par la plupart des auteurs. Dans ce sens, trois périodes stylistiques ont été identifiées : une période pré-ikom liée au style des monolithes bruts ou sommairement dégrossis ; une période inscrite dans les généalogies ikom liée au style des monolithes phalliques à ombilic ; une période de la traite liée au style des monolithes anthropomorphes à scarifications identitaires. »
veronique a écrit:
> Dis-moi, Claudius, as-tu lu quelque part des infos sérieuses sur l'âge
> approximatif des Akwanshi/Atal (région Cross River/Nigeria) dont tu nous as
> communiqué une photo ?
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Salut Véronique,
Pour ce qui est de la datation des pierres Akwanshi/Atal,
je te signale cet article: Tchandeu, N. S., & Sambo, H. (2021). Monolithes sculptés akwanshi/atal de la Cross River (Nigéria-Cameroun). Afrique : Archéologie & Arts, 17, Art. 17.
Il est disponible à cette adresse https://journals.openedition.org/aaa/3273
Je t'en colle, ci-dessous, les premiers paragraphes.
Bonne lecture!
Sino
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« Produits d’une civilisation mégalithique remarquable en Afrique par son ancienneté et sa longévité, les monolithes akwanshi se révèlent être à l’origine de nombreuses hypothèses, notamment celles d’être les signes d’un culte phallique, d’être des stèles funéraires, des effigies commémoratives de chefs, de héros, voire des monuments emblématiques de sociétés secrètes. Dans cette perspective, certaines tentatives de datations de spécimens situent leur essor au moins au XVIe siècle sur la base relative d’effigies dites « généalogiques » en pays Nta (ouest de la moyenne Cross River) selon P. Allison (1968 : 32-34), date repoussée au IIe siècle av. J.-C. (cf. infra) suite aux fouilles effectuées en pays Nnam (nord) par Ekpo Eyo (1986 : 101-104). Le recours à la généalogie met cependant en évidence l’importance des traditions orales lorsque les premiers chercheurs découvrent les monolithes akwanshi, l’une des dernières érections de pierres commémorant un chef Nta remontant au début du XXe siècle (Allison 1968). Cette période qui correspond donc à un abandon des traditions d’érection, suite aux contacts avec les puissances occidentales, n’a cependant pas totalement altéré la portée symbolique des représentations dans les mémoires collectives actuelles. A.B. Carlson (2019 : 50) évoque même un renouvellement d’intérêt des communautés locales et fédérales pour les cultures traditionnelles autour des années soixante-dix : « After the Biafran War (1967-1970) had turned peoples’lives upside down, masquerades, which had been destroyed or forgotten during the war, need to be rebuilt or reinvented »1. C’est dans cette dynamique que certains festivals annuels, se réappropriant des pratiques rituelles à travers des célébrations populaires, donnent lieu au rafraîchissement des décors des akwanshi mais avec des couleurs de plus en plus manufacturées. Si ce phénomène de patrimonialisation ou d’appropriation identitaire des représentations est surtout entretenu par la survivance de certains monuments, plus ou moins bien conservés dans leur contexte, il reste que d’autres ont été déplacés ou en partie mutilés dans des conditions parfois si illégales que ce collectionnisme a détruit toute la documentation les concernant. L’inscription des akwanshi sur la liste indicative du patrimoine mondial de l’UNESCO en 2008 a sans doute galvanisé le marché de l’art, favorisant de fait un commerce illicite déjà galvanisé par les crises sécuritaires répétitives de cette partie du golfe de Guinée, ainsi qu’une systématisation des « copies » ; ces dernières trouvent un foyer fécond chez les artisans de Foumban de l’ouest Cameroun. Le recoupement des collections muséographiques et des corpus ethnographiques in situ, l’exploitation transversale des données disponibles en archéologie, ethnologie et histoire de l’art, ont permis de proposer une classification diachronique des styles, rompant avec l’approche synchronique longtemps privilégiée par la plupart des auteurs. Dans ce sens, trois périodes stylistiques ont été identifiées : une période pré-ikom liée au style des monolithes bruts ou sommairement dégrossis ; une période inscrite dans les généalogies ikom liée au style des monolithes phalliques à ombilic ; une période de la traite liée au style des monolithes anthropomorphes à scarifications identitaires. »