[ TOGUNA FORUM ] - LES ARTS TRIBAUX DU MONDE ENTIER

Bonjour à tous.
Un peu d’histoire pour changer.
Quand les Portugais découvrent le peuple Kongo dès 1482.
Quand les crucifix deviennent de puissants fétiches.
Quand le royaume s’effondre le 29 octobre 1665.
https://mondafrique.com/grandes-bataill ... qB970TusxE
François

Merci, François. C’est super de connaître le déroulé historique d’une des premières explorations par les Portugais... qui sont toujours les premiers… pour être le plus souvent chassés par les Anglais ou les Français.
Découverte du Kongo : bien que cela se soit terminé dans le sang, un premier siècle et demi d’entente cordiale, comme le précise l’article, c’est quand même chouette.

En fait, on peut juger les peuples colonisateurs à ce qui est resté de leur passage sur les nouvelles terres occupées ou conquises. Ce qu’il en reste donne une idée de la nature des relations qu’ils entretenaient avec les locaux. Les Portugais semblent ne pas s’être limités à édifier de ‘’barrières culturelles’’ telles que bâtiments administratifs et ‘’British Clubs’’ collets montés et bien fermés.
Exemple de Malacca, en Malaisie :
https://www.youtube.com/watch?v=_l3bArOHHIM

Bonjour,
Merci François de rappeler cette partie de l'histoire où une certaine entente, certes basée sur des intérêts communs (mais n'est-ce pas toujours le cas ?), a existé entre des Européens et des Africains.
J'ai relu assez récemment le livre de David Van Reybrouck "Congo. Une histoire" et je le recommande vraiment car, dans un style clair, il expose sur le temps long les hauts et les bas de cette partie du continent.
C*

Comme vous le dites tous les deux, les échanges culturels sont souvent étonnants comme le montre aussi cette expo du Quai Branly en 2017 : "Du Jourdain au Congo, Art et Christianisme en Afrique Centrale"
https://www.youtube.com/watch?v=pPc3-fCTYdg

... une expo que je n'ai pas vue passer... merci, François.
J'ai commandé le bouquin... en même temps que celui ('Congo - une Histoire') recommandé par Christian. :-)

Bonne idée :-)

Complément. Si les crucifix ont été vite assimilés par l'art kongo, c'est peut-être aussi parce que la croix renvoyait à des symboles et à une cosmogonie déjà présents chez les Kôngo avant l'arrivée des Portugais, notamment la croix dite des "quatre moments de la journée". C'est en tout cas ce qu'on peut lire dans ces textes.
Photos :
- croix kongo dans son cercle (en haut à droite) sur un objet évoquant le christ crucifié
- crucifix-fétiche avec charge magique
- triple crucifix

« On pense que la croix des «quatre moments du soleil» et la philosophie qui l'accompagne existaient avant les influences portugaises. Les croix Kongo incorporent normalement un cercle, une roue ou une spirale qui indique la circularité continue du cosmos, notions indépendantes du cruciforme chrétien (Thompson 1981). La ligne horizontale de la croix sert de ligne de démarcation entre le monde des vivants et le monde spirituel. Toutes choses se reflètent entre les deux mondes. Cette ligne (Kalunga) est aussi le nom de Dieu et est souvent associée à l'eau. Les ancêtres vivent sous l'eau, et beaucoup de ceux qui subissent une transformation spirituelle reconnaissent avoir visité ce monde ancestral sous la mer fluviale. Bien que le christianisme soit devenu une partie des cosmologies Kongo, il n'a pas remplacé la philosophie de l'ancêtre. » (Université Iowa)

« Les formes occidentales comme le crucifix résonnent profondément avec les pratiques religieuses Kongo préexistantes. Dans la croyance Kongo, la croix était déjà considérée comme un puissant emblème de la spiritualité et une métaphore du cosmos. Une icône représentant une croix dans un cercle, appelée les quatre moments du soleil, représente les quatre parties de la journée (aube, midi, crépuscule et nuit) qui symbolisent plus largement le parcours cyclique de la vie.
Les rois Kongo, ayant adopté le christianisme comme religion d'État, ont commandé des crucifix fabriqués localement pour les utiliser comme emblèmes de leadership et de pouvoir. Ces crucifix ont été coulés avec des alliages de cuivre. L'utilisation du cuivre, une importation appréciée d'Europe, renforçait l'association avec la richesse et le pouvoir. Bien que le christianisme ait finalement été rejeté par les Kongo au XVIIe siècle, de telles œuvres ont continué à être réalisées en tant que symboles des concepts cosmologiques indigènes. 

By Dr. Christa Clarke, for The Metropolitan Museum of Art, New York
© 2006 The Metropolitan Museum of Art, New York (by permission) »