Rèsolu(Masque PNG du Sepik ?) Coiffe haume Tumbuan.
- veronique
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Rèsolu(Masque PNG du Sepik ?) Coiffe haume Tumbuan.
Bonjour
Voicu un masque en vannerie/sparterie recouvert d'une fine couche de terre peinte et surmonté d'un oiseau, tête et queue en bois. Il mesure 95cm.
Est-il bien originaire du Sepik ? de quelle ethnie peut-il être ?
Peut-on le considérer comme "authentique" (cad pas fait, au départ, pour le marché de l'art) ?
Et, dans ce cas, qui / qu' est-il censé représenter et quel est son message ?
Véro
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Voicu un masque en vannerie/sparterie recouvert d'une fine couche de terre peinte et surmonté d'un oiseau, tête et queue en bois. Il mesure 95cm.
Est-il bien originaire du Sepik ? de quelle ethnie peut-il être ?
Peut-on le considérer comme "authentique" (cad pas fait, au départ, pour le marché de l'art) ?
Et, dans ce cas, qui / qu' est-il censé représenter et quel est son message ?
Véro
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Re : Masque PNG du Sepik ?
Il s’agit d’une coiffe / heaume TUMBUAN (ou TUBUAN, selon les appréciations). Il faut savoir que cette dénomination concerne beaucoup d’objets de ce genre en P.N.G., et se retrouve aussi bien sur la Grande île qu’en Nouvelle-Irlande, chez les Dukduk, par exemple.
Suivant chaque population et manifestation, il peut porter un nom complémentaire qu’il m’est impossible de déterminer ici. Par contre, je suis sûr qu’il provient du Moyen Sépik.
Pour ce qui est de la population, il me semble à forte raison, que ce pourrait bien être les Iatmul, et peut-être même le village de Tambanum ou de Nangasup…sans être affirmatif. D’autres villages proches exécutent des pièces similaires Moim, Pagwi, Timbunke, Angriman, Mindinbit, Kamanimbit, Kanganaman, Palimbei, Yentchan, Korogo et Kandingai. A savoir son lieu de naissance exacte….pas facile…. même si les lignes picturales descendantes me rappellent plus la façon de procéder de Tambanum.
Porté sur le haut du corps, les yeux regardant à travers l’orifice buccal, il sert lors de diverses manifestations, et souvent même (ce qui n’apparaît pas sur celui-ci) des fibres pendent tout autour de sa base pour recouvrir le haut du corps du porteur.
Il peut servir à effrayer les femmes et les enfants, devant la maison des hommes, lorsque les initiés sont réunis – rappeler un ancêtre défunt, lors d’une cérémonie de souvenir – servir au moment de l’inauguration d’une nouvelle maison (l’esprit représenté étant sensé protéger la demeure – attirer le pouvoir des esprits – être utilisé pour une fête de l’igname – etc.
Chaque occasion peut donc le voir apparaître, sous des formes diverses que nous ne connaissons pas, et différentes parfois suivant les villages.
Chez les Abelam et Wosera, ces derniers étant aussi appelés Abelam du Sud, on trouve des coiffes ressemblantes, dénommées Didagur.
Pour ce qui est de l’ancienneté, je doute qu’elle soit bien grande. Aujourd’hui, et ce depuis déjà plusieurs décennies, ils en fabriquent aussi, artisanalement, dans un but de vente à l’export…pour nos sociétés Européennes et Américaines, très friandes d’exotisme. En règle générale, ce genre d’objet n’a pas une durée de vie bien longue in situ. La pluie, 3 fois plus importante qu’en Métropole et la chaleur ambiante font que la dégénérescence des matériaux est extrêmement rapide, sans oublier les xylophages divers qui pullulent.
J’engage d’ailleurs chacun de ceux qui me liront à se méfier des objets venant de Papouasie, non pas forcément de leur authenticité, mais de l’âge qu’on peut leur accorder. Ils peuvent sembler vieux, alors qu’ils ne le sont généralement pas. De plus, le gouvernement de P.N.G. interdit, et il a fort raison en cela, toute exportation de pièces ayant plus de 40 ans d’âge, et il possède des gens compétents qui savent reconnaître le bon grain de l’ivraie.
Suivant chaque population et manifestation, il peut porter un nom complémentaire qu’il m’est impossible de déterminer ici. Par contre, je suis sûr qu’il provient du Moyen Sépik.
Pour ce qui est de la population, il me semble à forte raison, que ce pourrait bien être les Iatmul, et peut-être même le village de Tambanum ou de Nangasup…sans être affirmatif. D’autres villages proches exécutent des pièces similaires Moim, Pagwi, Timbunke, Angriman, Mindinbit, Kamanimbit, Kanganaman, Palimbei, Yentchan, Korogo et Kandingai. A savoir son lieu de naissance exacte….pas facile…. même si les lignes picturales descendantes me rappellent plus la façon de procéder de Tambanum.
Porté sur le haut du corps, les yeux regardant à travers l’orifice buccal, il sert lors de diverses manifestations, et souvent même (ce qui n’apparaît pas sur celui-ci) des fibres pendent tout autour de sa base pour recouvrir le haut du corps du porteur.
Il peut servir à effrayer les femmes et les enfants, devant la maison des hommes, lorsque les initiés sont réunis – rappeler un ancêtre défunt, lors d’une cérémonie de souvenir – servir au moment de l’inauguration d’une nouvelle maison (l’esprit représenté étant sensé protéger la demeure – attirer le pouvoir des esprits – être utilisé pour une fête de l’igname – etc.
Chaque occasion peut donc le voir apparaître, sous des formes diverses que nous ne connaissons pas, et différentes parfois suivant les villages.
Chez les Abelam et Wosera, ces derniers étant aussi appelés Abelam du Sud, on trouve des coiffes ressemblantes, dénommées Didagur.
Pour ce qui est de l’ancienneté, je doute qu’elle soit bien grande. Aujourd’hui, et ce depuis déjà plusieurs décennies, ils en fabriquent aussi, artisanalement, dans un but de vente à l’export…pour nos sociétés Européennes et Américaines, très friandes d’exotisme. En règle générale, ce genre d’objet n’a pas une durée de vie bien longue in situ. La pluie, 3 fois plus importante qu’en Métropole et la chaleur ambiante font que la dégénérescence des matériaux est extrêmement rapide, sans oublier les xylophages divers qui pullulent.
J’engage d’ailleurs chacun de ceux qui me liront à se méfier des objets venant de Papouasie, non pas forcément de leur authenticité, mais de l’âge qu’on peut leur accorder. Ils peuvent sembler vieux, alors qu’ils ne le sont généralement pas. De plus, le gouvernement de P.N.G. interdit, et il a fort raison en cela, toute exportation de pièces ayant plus de 40 ans d’âge, et il possède des gens compétents qui savent reconnaître le bon grain de l’ivraie.
- veronique
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Re : Masque PNG du Sepik ?
Alain, vous etes une mine de connaissances et je vous remercie beaucoup de toutes ces informations !
Le marché de l'art océanien me semble plus ténu, en Europe - il y a une sorte d'hégémonie des arts africains, pour les raisons logiques qu'on connaît.
En Afrique, des ethnies produisent des objets de leurs traditions pour le marché de l'art et le fait qu'un objet ait été façonné par les "gens du cru" est acceptable pour certains collectionneurs.
Mais il existe aussi des lieux de production "généralistes". Ainsi le Cameroun, par exemple, est réputé "faire du" Malien, "de l"'Ivoirien ou "du" Congo, ou "du n'importe où" trouvé dans des publications sur les arts africains - ce qui rend les onjets "inacceptable" pour les collectionneurs qui s'intéressent sérieusement à la question.
De tels lieux "généralistes" existent-ils en Océanie ?
... et ce n'est qu'une de mes mille questions sur le marché de l'art océanien !!!
Merci beaucoup, Alain. Et.... bonne nuit !
Le marché de l'art océanien me semble plus ténu, en Europe - il y a une sorte d'hégémonie des arts africains, pour les raisons logiques qu'on connaît.
En Afrique, des ethnies produisent des objets de leurs traditions pour le marché de l'art et le fait qu'un objet ait été façonné par les "gens du cru" est acceptable pour certains collectionneurs.
Mais il existe aussi des lieux de production "généralistes". Ainsi le Cameroun, par exemple, est réputé "faire du" Malien, "de l"'Ivoirien ou "du" Congo, ou "du n'importe où" trouvé dans des publications sur les arts africains - ce qui rend les onjets "inacceptable" pour les collectionneurs qui s'intéressent sérieusement à la question.
De tels lieux "généralistes" existent-ils en Océanie ?
... et ce n'est qu'une de mes mille questions sur le marché de l'art océanien !!!
Merci beaucoup, Alain. Et.... bonne nuit !
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Re : Masque PNG du Sepik ?
Bonjour Véronique,
Ténu est bien le mot exacte, car les objets provenant d’Océanie sont plus que rares, tout du moins pour ceux ayant une certaine consistance. Cela est dû au fait que les populations insulaires sont peu nombreuses et que les archipels s’éparpillent sur 12.000 kilomètres (de la Papouasie à l’île de pâques, par exemple)…rien à voir en cela avec le continent africain. N’est-il pas possible, en Afrique, de parcourir tout l’espace du Nord au Sud, sans avoir besoin de quitter la terre ferme ? Pour l’Océanie, c’est autre chose ! Le Pacifique couvre plus de 2 fois la surface de l’Atlantique, et les îles sont minuscules (Tahiti, si connue à travers le monde, ne mesure que 25 km. de diamètre).
Les populations autochtones y furent toujours peu nombreuses. Cook considérait que la Nouvelle-Calédonie ne comportait, en 1774, que 20.000 âmes, le R. P. Chanel, à Futuna, en 1838, estimait la population à 3.000 âmes, et ainsi de suite un peu partout. Donc une production très très faible et souvent peu connue…d’ailleurs tout est encore à apprendre, car sa reconnaissance ne se fait vraiment que depuis le 19ème siècle. Sans oublier la distance par rapport à l’Europe !
Par contre, en Afrique, reconnue très tôt par les Portugais et les Espagnols (15ème siècle), vit de multiples colonies venant d’Europe et donc un échange rapide des cultures. Qui, dans sa famille, n’a pas eu un membre ayant séjourné en Afrique, à un moment ou à un autre du passé ?
Cette reconnaissance ancienne des arts africains fit que le champ des collectionneurs s’étoffa rapidement….car les objets existaient, sinon à profusion, tout du moins en quantité.
En Océanie, nous n’avons pas de copie extra territoriales à proprement dit, hormis pour les objets Asmat d’Irian Jaya. Cette partie de l’Indonésie, depuis maintenant une petite trentaine d’années, et dont les artefacts autochtones sont si recherchés, est souvent reproduite à Bali ou Lombock. Les Indonésiens, tout comme les Asiates en général, sont habiles de leurs mains et savent coller au marché…répondre à la demande pour le dire plus simplement. Mais ceci n’est pas une généralité au sein du Pacifique.
Une chose me fait toujours sourire lorsque je regarde les catalogues de ventes aux enchères. Sur X pages d’objets, il est rare de voir plus de 10% dédié à l’Océanie (et encore, car il s’agit parfois de mauvaises reproductions tardives qui ne furent jamais usitées par les insulaires); preuve s’il en est qu’ils sont rares.
Mais le sujet est vaste, et à trop parler je risquerai de ne pas me faire que des amis dans certains milieux.
Au plaisir de vous lire et de vous répondre pour d’autres objets en votre possession…mais, ainsi que je l’ai dit, je suis bien loin de tout savoir et il m’en reste bien plus à découvrir que je n’en sais.
Bonne nuit.
Ténu est bien le mot exacte, car les objets provenant d’Océanie sont plus que rares, tout du moins pour ceux ayant une certaine consistance. Cela est dû au fait que les populations insulaires sont peu nombreuses et que les archipels s’éparpillent sur 12.000 kilomètres (de la Papouasie à l’île de pâques, par exemple)…rien à voir en cela avec le continent africain. N’est-il pas possible, en Afrique, de parcourir tout l’espace du Nord au Sud, sans avoir besoin de quitter la terre ferme ? Pour l’Océanie, c’est autre chose ! Le Pacifique couvre plus de 2 fois la surface de l’Atlantique, et les îles sont minuscules (Tahiti, si connue à travers le monde, ne mesure que 25 km. de diamètre).
Les populations autochtones y furent toujours peu nombreuses. Cook considérait que la Nouvelle-Calédonie ne comportait, en 1774, que 20.000 âmes, le R. P. Chanel, à Futuna, en 1838, estimait la population à 3.000 âmes, et ainsi de suite un peu partout. Donc une production très très faible et souvent peu connue…d’ailleurs tout est encore à apprendre, car sa reconnaissance ne se fait vraiment que depuis le 19ème siècle. Sans oublier la distance par rapport à l’Europe !
Par contre, en Afrique, reconnue très tôt par les Portugais et les Espagnols (15ème siècle), vit de multiples colonies venant d’Europe et donc un échange rapide des cultures. Qui, dans sa famille, n’a pas eu un membre ayant séjourné en Afrique, à un moment ou à un autre du passé ?
Cette reconnaissance ancienne des arts africains fit que le champ des collectionneurs s’étoffa rapidement….car les objets existaient, sinon à profusion, tout du moins en quantité.
En Océanie, nous n’avons pas de copie extra territoriales à proprement dit, hormis pour les objets Asmat d’Irian Jaya. Cette partie de l’Indonésie, depuis maintenant une petite trentaine d’années, et dont les artefacts autochtones sont si recherchés, est souvent reproduite à Bali ou Lombock. Les Indonésiens, tout comme les Asiates en général, sont habiles de leurs mains et savent coller au marché…répondre à la demande pour le dire plus simplement. Mais ceci n’est pas une généralité au sein du Pacifique.
Une chose me fait toujours sourire lorsque je regarde les catalogues de ventes aux enchères. Sur X pages d’objets, il est rare de voir plus de 10% dédié à l’Océanie (et encore, car il s’agit parfois de mauvaises reproductions tardives qui ne furent jamais usitées par les insulaires); preuve s’il en est qu’ils sont rares.
Mais le sujet est vaste, et à trop parler je risquerai de ne pas me faire que des amis dans certains milieux.
Au plaisir de vous lire et de vous répondre pour d’autres objets en votre possession…mais, ainsi que je l’ai dit, je suis bien loin de tout savoir et il m’en reste bien plus à découvrir que je n’en sais.
Bonne nuit.
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Re : Masque PNG du Sepik ?
Merci beaucoup, mais vous remarquerez que sur ce forum, d'autres membres sont beaucoup plus calés que moi sur bien d'autres sujets, dans lesquels je n'oserai prendre la plume.
Il n'empêche que votre remarque est très gentille et que je l'apprécie.
Il n'empêche que votre remarque est très gentille et que je l'apprécie.
- Lobi One Kenobi
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Re : Re : Masque PNG du Sepik ?
[quote author=veronique link=topic=117.msg291#msg291 date=1207739162]
Mais il existe aussi des lieux de production "généralistes". Ainsi le Cameroun, par exemple, est réputé "faire du" Malien, "de l"'Ivoirien ou "du" Congo, ou "du n'importe où" trouvé dans des publications sur les arts africains - ce qui rend les onjets "inacceptable" pour les collectionneurs qui s'intéressent sérieusement à la question.
[/quote]
Le cameroun fait aussi de l'océanien, en voici un exemple, fait au cameroun :
http://www.arts-primitifs.com/shop-africain/arts-premiers-africains/boucliers/0802-bouclier-asmat.htm
Les camerounais font de l'océanie, et les Chinois des poupées ashanti, tout fout le camp !!!
Mais il existe aussi des lieux de production "généralistes". Ainsi le Cameroun, par exemple, est réputé "faire du" Malien, "de l"'Ivoirien ou "du" Congo, ou "du n'importe où" trouvé dans des publications sur les arts africains - ce qui rend les onjets "inacceptable" pour les collectionneurs qui s'intéressent sérieusement à la question.
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Le cameroun fait aussi de l'océanien, en voici un exemple, fait au cameroun :
http://www.arts-primitifs.com/shop-africain/arts-premiers-africains/boucliers/0802-bouclier-asmat.htm
Les camerounais font de l'océanie, et les Chinois des poupées ashanti, tout fout le camp !!!